Attirée par la richesse, la beauté du monde et de ses habitants, et en même temps questionnée par leur dureté, leurs peurs et certaines formes d’enfermement, je suis entrée, petit à petit, dans une exploration concrète de l’agir de cette espèce humaine que l’on dit parfois civilisée, et dont je fais partie.
J’ai donc choisi d’accompagner des personnes et des groupes à prendre conscience, à formaliser puis à rendre manifeste la richesse et la variété de leurs connaissances, de leurs capacités et de leur potentiel, quelles qu’en soient les origines (enseignement, expériences, culture…), avant de les intégrer ou de les transférer dans leur champ professionnel du moment.
J’ai pris le chemin de formations multiples : philosophie, pratiques sociales et sciences de l’éducation pour le parcours universitaire, brevet d’État en sport et DEFA (diplôme d’État aux fonctions d’animation) en formation professionnelle. Mon parcours professionnel et personnel m’a aussi amenée, voire entraînée, vers des milieux différents : villes, pays, organisations, métiers, populations.
À l’aube de mes 40 quarante printemps, j’ai choisi un statut d’indépendant, non par goût pour une idéologie – libérale ou autre – mais plutôt mue par une appétence aux chemins buissonniers. J’ai la conviction que la vie a trop de valeur pour que nous nous privions d’explorer, avec une certaine liberté, ce qui nous passionne réellement.
Ma passion, donc, se situe dans le domaine des connaissances, des « apprentis-sages » ou des « appren – tissages »… et du potentiel de l’humain, à l’articulation entre la dynamique individuelle et la dynamique collective. Comment développer nos richesses, oser ouvrir de nouveaux possibles, faire éclore des visions neuves du monde en général et de notre quotidien en particulier ?
Ma démarche professionnelle, alliée à ma dynamique personnelle, a souvent pour effet, je le constate, de mettre en lumière la beauté, la force et les ressources inhérentes à toutes nos expériences : même là où nous avons peur, où nous condamnons, où nous ne comprenons pas, où nous pensons avoir échoué. La notion d’échec est une vue de l’esprit séparatiste qui n’a encore su intégrer, ni la complexité du vivant ni sa dimension de mystère.
Mon apprentissage s’est fait grâce à l’accompagnement de personnes et de groupes ayant vécu des expériences diverses, dont certaines que je qualifierais d’extrêmes, souvent peu ou pas valorisées :
- celles de gens ordinaires qui se posent des questions simples et essentielles sur leur rôle professionnel et sur l’évolution de leur place et de leurs activités dans la société.
- celles que l’on écarte par incompréhension ou par conformisme, plutôt que d’éclairer différemment notre monde et d’élargir notre compréhension du vivant (immigration, traversée de fragilités économiques ou familiales, pratiques médicales alternatives, pratiques sociales d’autres communautés…).
- celles des réorganisations institutionnelles répétées avec leurs lots de colère, de lassitudes perplexes, masquant très souvent un désir de vivre autrement son métier, son engagement et ses relations professionnels.
- celles dont on nous apprend à faire le deuil plutôt que d’en faire jaillir la vie (maladie, addictions, handicap…).
- celles que l’on bannit, les peurs et les frilosités n’en retenant que le côté transgressif et parfois agressif (délinquance, comportements asociaux…).
Aujourd’hui encore, mon métier est pour moi comme un livre ouvert sur notre humanité, car la rencontre de l’ordinaire et de l’extrême nous en délivrent une connaissance profonde et souvent ignorée.